Pourquoi qualifier les startups de manière collaborative ?

Open Innovation -

Pourquoi qualifier les startups de manière collaborative ?

8 juin 2017 Corporates Qualification 0

Dans un contexte de “commoditisation” du sourcing, comment qualifier un flux volumineux et incessant de startups ?

 

FAIRE APPEL À L’ÉCOSYSTÈME EXTERNE

Nous avons eu en 2016 près de 10K créations de startups en France. Un tel dynamisme s’explique d’une part par l’essor du digital et la baisse drastique des investissements nécessaires au lancement de nouvelles offres, et d’autre part par un puissant effet de mode qui invite de plus en plus de jeunes actifs à “lancer leurs startups”.

Mais ces deux leviers ne favorisent et ne garantissent en aucun cas la “qualité” des projets démarrés, ni leur caractère innovant, au contraire ! Et pour cause, 50% des startups échouent avant la fin de leur 1er exercice, et sur ces échecs, 42% sont dus à l’absence même d’un marché, 23% à l’équipe, 17% à l’absence d’un business model et 17% à la faible qualité du produit…

Si l’on ajoute à cela la “commoditisation” du sourcing qui a lieu grâce aux outils et aux intermédiaires (cf article “Pourquoi devriez vous mutualiser votre sourcing de startups ?”) c’est-à-dire la facilité à sourcer rapidement un grand nombre de startups, on saisit l’ampleur du défi de la qualification de ce flux volumineux et incessant de startups pour les équipes Innovation / Open Innovation de grands groupes.

Qui plus est, la qualification des startups est un travail de spécialiste, c’est un métier à part entière et un savoir-faire qu’ont développé d’abord les investisseurs (VCs, business angels…) puis d’autres instances de financement (BPI France, banques, réseaux d’entrepreneurs…), des accélérateurs reconnus, des agences de notation de startups, labels et classements, etc.

Pour les équipes Innovation / Open Innovation de grands groupes, dont le métier n’est pas de qualifier des projets entrepreneuriaux mais de diffuser l’innovation dans l’entreprise, il apparaît évident qu’il ne faut pas chercher à qualifier soi-même les startups sourcées mais plutôt miser sur un réseau de “prescripteurs” de startups dès le sourcing. Le bénéfice sera double : augmentation du nombre de startups qualifiées grâce aux effets réseau et amélioration de la pertinence de la qualification grâce à la mise en commun des compétences.

Bref, en simple : on source de plus en plus de startups, la qualité des projets n’est pas à la hausse et seuls des experts sont vraiment à même de “faire le tri” entre les projets entrepreneuriaux qui ont leurs chances et les autres. Pour pouvoir se concentrer sur ses propres missions, l’équipe Innovation / Open Innovation doit donc collaborer avec un réseau de prescripteurs qui effectuent un travail permanent et qualitatif de qualification.

FAIRE APPEL AUX ÉQUIPES MÉTIERS

Dans un contexte d’Open Innovation, “qualifier une startup” ne signifie pas simplement évaluer la qualité du projet entrepreneurial en tant que tel, c’est avant tout qualifier les synergies opérationnelles et stratégiques entre cette startup et les métiers de l’entreprise qui compte.

En effet, ce n’est pas parce qu’une startup apparaît aux yeux de l’écosystème comme une “pépite” qu’un grand groupe va travailler avec elle. Un grand groupe n’est pas un simple investisseur qui constituent un portefeuille de projets à fort potentiel. En général, un grand groupe ne s’investit dans la collaboration avec une startup que si celle-ci est en cohérence avec le plan stratégique de l’entreprise et/ou si elle apporte une solution opérationnelle à une problématique métier.

D’ailleurs, il faut rappeler que dans la majorité des cas, l’équipe Innovation / Open Innovation n’est pas en capacité de financer les projets qui auront lieu avec les startups. Cette équipe agit comme une fonction “support” des équipes métiers dont le rôle est de trouver des solutions innovantes aux problématiques des métiers et, éventuellement, de les connecter avec des startups et les accompagner dans d’éventuels POC avec elles.

C’est d’ailleurs la bonne présentation de ces synergies dans un cas d’usage métier (business case ou usecase) qui permettra de convaincre les équipes métiers de mener une expérimentation avec la startup et de les impliquer dans la réussite du projet.

Or, ce cas d’usage ne peut être construit par personne d’autres que les équipes métiers elles-mêmes avec l’aide de l’équipe Innovation / Open Innovation car cela nécessite souvent une expertise métier pointue et une profonde connaissance de l’entreprise.

C’est cette qualification interne qui est la plus importante et doit prendre le dessus par rapport à la qualification externe réalisée avec l’écosystème pour détecter les “meilleures” startups. En d’autres termes, il est inutile de passer du temps à chercher des “pépites” et à les qualifier en collaboration avec l’écosystème si aucune équipe métier n’a d’intérêt à collaborer avec elles.

COMBINER ET COMPLETER LES 2 APPROCHES

En résumé, identifier et qualifier une “pépite” ne sera d’aucune utilité pour l’équipe Innovation / Open Innovation en l’absence de synergies clairement identifiées avec une équipe métier en interne.

Mais à l’inverse, lorsque des synergies émergent entre une équipe métier et une startup, il est capital de pouvoir mobiliser rapidement un réseau de prescripteurs qui pourra émettre un avis sur la “qualité” du projet entrepreneurial en tant que tel. En particulier, c’est la question de la pérennité qui doit être au centre de cette qualification.

Comme nous l’avons dit un peu plus haut, nous avons eu en 2016 près de 10K créations de startups en France portant le nombre total de startups à 15K environ. Cependant, dans la même année, il y a eu plus de 8K échecs (50% échouent la 1ère année suivant la création et 90% dans les 5 ans).

Pour un grand groupe ayant des synergies avec une startup et souhaitant collaborer avec elle, la remise en question de sa pérennité est donc tout à fait légitime. Il est crucial même de diminuer au maximum la probabilité de l’échec de la startup en plein POC pour garder intacte la crédibilité de l’équipe Innovation / Open Innovation qui l’a présentée aux équipes métiers.

Enfin, et pour conclure, une 3ème approche de la problématique de la qualification se développe peu à peu : il s’agit de la prescription de startups entre grands groupes. En effet, dans le cas de groupes non- concurrents, le partage d’expériences et la prescription de startups sur des problématiques métiers similaires est une des qualifications les plus fiables puisqu’elle est ancrée dans l’expérimentation concrète des mêmes types de synergies.

Cette pratique n’est pas récente mais tend à se répandre de plus en plus ces derniers mois, notamment dans les espaces de rencontre entre équipe Innovation / Open Innovation mais aussi entre équipes métiers.

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